L'Hôtel Duret de Chevry : Un Témoin de l'Histoire de l'Institut Historique Allemand à Paris

L'Institut Historique Allemand (IHA), également connu sous le nom de Deutsches Historisches Institut Paris (DHIP), est un centre de recherche international spécialisé en histoire. Cet institut a établi son siège dans l'Hôtel Duret de Chevry, situé dans le Marais au 8 Rue du Parc Royal, 75003 Paris.

Fondation de l'IHA

L'histoire de l'IHA remonte au début du 20e siècle lorsque Paul Fridolin Kehr, un médiéviste renommé et futur président du Monumenta Germaniae Historica, avait déjà envisagé la création d'un institut historique allemand à Paris en 1902. Cependant, son initiative n'a pas abouti à cette époque. Il a fallu attendre 1941 pour que cette idée soit reprise par un autre médiéviste allemand, Theodor Mayer. Mayer souhaitait que cet institut à Paris renforce les prétentions allemandes en tant qu'acteur historique dominant en Europe.

Malheureusement, en raison des troubles de la Seconde Guerre mondiale, le projet a été retardé. Cependant, à la fin de la guerre, une nouvelle vision a émergé, axée sur la réconciliation franco-allemande. Cela a conduit à l'ouverture du "Centre allemand de recherche historique" (Deutsche Historische Forschungsstelle in Paris - DHFS) le 21 novembre 1958. L'institut a été financé par l'État fédéral allemand et placé sous la direction de la "Commission scientifique de recherche sur l'histoire des relations franco-allemandes" basée à Mayence. Eugen Ewig, un médiéviste, a joué un rôle clé en tant que fondateur de l'institut à cette époque.

En 1964, un an après la signature du Traité de l'Élysée, l'institut a été institutionnalisé dans la durée et est devenu l'Institut Historique Allemand, placé sous la tutelle du ministre fédéral de la Recherche scientifique. Alois Wachtel a été le premier directeur de l'institut à cette époque.

L'Hôtel Duret de Chevry

L'histoire de l'IHA est étroitement liée à l'Hôtel Duret de Chevry. Peu avant l'entrée en fonction de Horst Möller, futur directeur de l'Institut für Zeitgeschichte (Institut d'histoire contemporaine) à Munich, la République fédérale d'Allemagne a acquis cet hôtel particulier situé non loin de la Place des Vosges. Cet hôtel a été construit vers 1620 par Charles Duret-de-Chevry, un haut fonctionnaire du roi.

L'inauguration officielle du nouvel emplacement de l'institut à l'Hôtel Duret de Chevry s'est déroulée le 19 mai 1994 en présence du président de la République fédérale d'Allemagne, Richard von Weizsäcker. À cette époque, l'IHA était dirigé par Werner Paravicini, dont les recherches étaient axées sur la Bourgogne du Moyen Âge tardif.

Depuis lors, l'Hôtel Duret de Chevry est devenu le siège emblématique de l'IHA, symbolisant l'engagement continu de l'institut envers la recherche et la coopération franco-allemande en histoire.

Évolution de l'IHA

En 2002, l'IHA est passé sous l'égide de la Fondation Max Weber, une fondation d'utilité publique qui regroupe plusieurs instituts allemands en sciences humaines à l'étranger. Depuis lors, l'IHA a élargi son horizon géographique et renforcé son engagement dans les humanités numériques, avec des projets de numérisation et d'accès libre à la recherche.

Sous la direction de Thomas Maissen depuis 2013, l'IHA a également élargi ses domaines de recherche, notamment en lançant des projets sur l'Afrique sub-saharienne en partenariat avec des universités africaines. En 2015, un projet de recherche sur la bureaucratisation des sociétés africaines a été initié, marquant un tournant important dans les recherches de l'institut.

Missions de l'IHA

L'IHA remplit trois missions principales : la recherche, la médiation et la qualification.

Recherche
L'IHA mène des projets de recherche en coopération avec des partenaires français et accueille des chercheurs du monde entier pour des recherches sur l'histoire de l'Europe de l'Ouest et de l'Afrique. Les thèmes de recherche couvrent une vaste période allant du Moyen Âge au XXIe siècle. L'institut a également investi dans les humanités numériques, permettant la numérisation de sources importantes et leur mise à disposition dans des bases de données.

Médiation

L'IHA publie régulièrement ses recherches sous divers formats, organise des colloques internationaux, des séminaires et des conférences pour promouvoir la coopération entre historiens français, allemands et du monde entier.

Qualification

L'institut propose des programmes d'aide aux jeunes chercheurs, notamment des universités d'été, des excursions thématiques, des cours linguistiques spécialisés et des ateliers de paléographie. Il offre également des bourses de mobilité et de résidence aux étudiants, ainsi que des stages scientifiques.

Organisation et Projets de Recherche

L'IHA est composé de cinq départements : Moyen Âge, Histoire moderne, Histoire contemporaine, Digital Humanities et Afrique. Il emploie environ 40 personnes et bénéficie du soutien d'un conseil scientifique composé de neuf professeurs français et allemands de toutes les périodes historiques.

Bibliothèque

La bibliothèque de l'IHA est une ressource importante pour les chercheurs. Elle offre un accès gratuit à une collection de 120 000 volumes et 350 périodiques en cours de publication sur l'histoire française et allemande, ainsi que sur l'histoire des relations entre les deux pays. La bibliothèque est également un partenaire du service de prêt entre bibliothèques allemand.

Publications

L'IHA publie régulièrement les résultats de ses recherches, y compris des thèses de doctorat et d'habilitation. L'institut a une stratégie d'accès libre, permettant un accès en ligne à toutes les publications. La revue Francia, les Pariser Historische Studien, la collection Histoire franco-allemande et d'autres publications sont des exemples de la contribution de l'IHA à la recherche historique.

En conclusion, l'Hôtel Duret de Chevry, qui abrite l'Institut Historique Allemand à Paris, est un lieu emblématique qui a joué un rôle central dans la promotion de la recherche en histoire franco-allemande et européenne. L'IHA continue de s'engager dans des projets de recherche novateurs, de promouvoir la médiation et de soutenir la qualification des jeunes chercheurs, tout en offrant un accès libre à une grande partie de ses publications, contribuant ainsi à l'enrichissement de la connaissance historique internationale.