L’Hôtel de Soubise, anciennement L’Hôtel de Clisson puis L’Hôtel de Guise


Ce magnifique édifice du 18ème siècle, 60 rue des Francs-Bourgeois est connu pour être le siège des Archives Nationales et y accueille le public afin de lui présenter des archives conservées par cette administration.
Mais l’imposant bâtiment connut un passé prestigieux avant de recevoir des collections, et plusieurs changements de noms au gré du changement de ses propriétaires.
C’est Napoléon Ier qui affecta les lieux aux Archives Nationales. Et en 1867, une petite partie de la surface fut dédié au Musée de l’Histoire de France.
Dans ce charmant petit musée et son jardin, on peut admirer des pièces exceptionnelles telles que les testaments de Louis XIV et de Napoléon Ier, l’édit de Nantes ou le Serment du Jeu de Paume dans la fameuse « salle du trésor des Chartes » où trône la fameuse « armoire de fer », ce coffre-fort
fabriqué en 1790 pour protéger les documents les plus précieux.
Pas moins de 12 000 ouvrages sur parchemin et reliés constituant le fonds du Parlement de Paris ornent la bibliothèque.
La demeure est le vestige le plus éclatant de l’ancienne aristocratie parisienne.

Une Histoire mouvementée


Avec l’arrivée du roi au XIVème siècle, le quartier se mit à pousser et, parmi les modestes habitations du Moyen-Âge, on édifia de magnifiques hôtels particuliers dont l’actuel hôtel de Soubise.
A l’origine, il fut baptisé « Clisson » lors de sa construction en 1372 par son créateur le Connétable de Clisson, compagnon d’armes de Bertrand Du Guesclin, puis connétable de France sous Charles VI.
On peut considérer ces « premières pierres » comme des esquisses du bâtiment ultérieur car il ne s’agissait encore que d’une maison forte, située à l’intérieur de l’enceinte de Charles V dont il ne reste plus qu’une porte fortifiée, flanquée de deux tours en encorbellement, à l’arrière de la bâtisse, rue des Archives. Cet ultime vestige rappelle la splendeur de ces demeures privées du 14ème siècle qui emplissaient alors le quartier.
Au 16ème siècle, la fortunée et puissante famille des Guise prend possession des lieux en 1556, ; Henri, dit le balafré, y déploie ses idées de grandeur en remaniant et agrandissant l’hôtel dans le style Renaissance.
L’hôtel de Guise, ainsi qu’il fut renommé, devient l’épicentre de la Ligue et des guerres de religion, se transformant en lieux de triste mémoire avec la décision du massacre de la Saint-Barthélémy. On dit que cette machination aurait été discutée dans la chapelle des Guise décorée par l’italien Nicolo de l’Abate, ou encore dans la salle des gardes.
C’est au XVIIIème siècle, que la somptueuse bâtisse reviendra dans l’escarcelle de la famille des Clisson en la personne du Prince de Soubise – lequel s’empresse de lui donner son nom, toujours actuel. Soucieux de garder les traces du passé, il décide de respecter les lieux en gardant les traces de l’ancienne présence de ses propriétaires comme la croix de Lorraine dorée, symbole des ducs de Lorraine, ou encore le M surmonté d’une couronne, placé au-dessus du portail de la chapelle, symbole de la dévotion des Guise à la Vierge Marie.

Architectes et artistes


Peu restaurée depuis sa construction en 1371, la demeure se trouve assez délabrée quand, elle change de main au cours du XVIème siècle. C’est ainsi qu’en 1556, le Duc de Guise, dit le balafré, engage de grands frais afin de la faire restaurer puis décorer dans le style Renaissance avec le célèbre
architecte, chef de file de la première école de Fontainebleau, Francesco Primaticcio, dit Le Primatice, ainsi que le peintre Niccolo dell'Abbate.
En 1700, l’architecte Pierre-Alexis Delamair est dépêché par François de Rohan-Soubise et sa femme afin de moderniser les lieux qui manquaient d’unité architecturale et de façade digne de ce nom. On décide de changer la façade de place en plaquant une façade classique sur l’aile sud et en créant une vaste cour d’honneur à la place de l’ancien Manège des Guise. Du vaste espace entre l’hôtel de Laval et la rue de Paradis, il fit une somptueuse cour entourée de 56 colonnes corinthiennes formant une double galerie couverte menant au palais, et 24 autres colonnes décorent le rez-de-chaussée et le premier étage. Boucher, Carl Van Loo avaient peint des pièces, Trémolières, la chambre de la princesse de Rohan, Blanchard une antichambre…, une multitude d’artistes travaillent à l’embellissement de la demeure.
Nicole dell’ Abbate orne le plafond de la chapelle avec une superbe Adoration des Mages et des scènes sur les murs. Des ces œuvres, ne subsiste que le souvenir…
Le salon ovale fut un chef-d’œuvre absolu faisant appel au talent de Boffrand, Natoire, Adam et Lemoyne.. Les ciseaux du sculpteurs Harpin firent merveilles sur les boiseries uniques de l’hôtel…
Les remaniements concerneront surtout les intérieurs quand le fils du Prince de Soubise commença de somptueux aménagements intérieurs dans le goût rocaille, avec force miroirs, médaillons sculptés aux corniches et sur les lambris, confiant la décoration intérieure à Boffrand, lequel demanda aux
peintres, ornemanistes, etc, François Boucher, Charles Natoire, Jean-Baptiste II Lemoyne de tout décorer et d’orner le dessus des portes de tableaux.
En 1735, Boffrand édifie aussi un nouveau pavillon, de forme ovale afin de relier l’aile Nord et desservir les appartements du fils du Prince de Soubise.
Le salon ovale, baigné de lumière, est un bijou sur lequel le temps n’a pas eu de prise et dont les œuvres sont un témoignage vivant des talents des artistes du XVIIIème siècle.
La Révolution mit sous séquestre l’hôtel de Soubise avant de le vendre aux créanciers de la famille.
Et ce n’est qu’en 1808, qu’un décret impérial ordonne son rachat par l’Etat qui y installe les archives impériales.
Les destructions de parties anciennes pour construire du « moderne » afin d’accueillir les archives eurent lieu en deux périodes, la première de 1838 à 1848 sous la direction des architectes Édouard Dubois et Charles Lelong, et entre 1859 et 1880 (dont les destructions dues au siège de Paris) avec Hubert Janniard puis Edmond Guillaume.

A ne pas manquer à l’hôtel de Soubise


L’appartement du Prince avec le cabinet d’audience et la chambre d’apparat suivie du salon du Prince aménagé par Boffrand et du grand cabinet sont incontournables.
A l’étage, le grand escalier reconstruit en 1844 mène aux appartements privés de la princesse. Après un passage dans la salle des gardes et la salle d’assemblée, on se dirige vers la chambre d’apparat avant d’entrer dans le salon de la princesse, autre chef d’œuvre de Boffrand et de Natoire à ne pas manquer. La petite chambre à coucher est suivie de la salle du Dais et du salon dit « Empire » construit au XIXe en réunissant plusieurs pièces des appartements de la princesse et accueillant des documents du Premier Empire.

Informations pratiques


Hôtel de Soubise
60 rue des Francs Bourgeois - 75003 Paris
Horaires de l’hôtel :
Ouverture du lundi au dimanche (fermé le mardi)
En semaine : 10h-17h30
Le samedi : 14h-
Tarifs : 18 € par personne et 13 € pour nos adhérents (incluant 4 € de droit d’entrée).

Horaires du jardin :
Automne et hiver : tous les jours de 8h à 17h, du dernier dimanche du mois d’octobre au dernier
samedi du mois de mars.
Printemps-Été : de 8h à 20h, du dernier dimanche du mois de mars au dernier samedi du mois
d’octobre.
Entrée libre et gratuite
Métro : Hôtel de Ville, Rambuteau.

Page rédigée par Salsa Bertin



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